105 - Défaillance temporaire
Un nouveau jour se levait sur Willow Creek,
Un grand évènement se profilait à l'horizon sur une douce mélodie.
Tout le monde était convié pour assister au mariage de Joy et de Julian.
Bien sûr comme toujours je n'ai pas eu mon mot à dire. Tu sais Joy, même si je l'ai rebaptisé, son véritable prénom ne commence toujours pas par un "J".
De toute façon avais-je mon mot à dire ? Ces gosses tous aussi têtus les uns que les autres !
Ah maudite Juliette pourquoi es-tu rentrée dans nos vies ? Et toi Julien pourquoi tu ne me regardes toujours pas ?
Pourquoi ? Pourquoi ? Pourquoi ?
Pourquoi je me sens si seule ! Des oeufs ? Des pommes ? Du saumon ? Oui certainement un plat savoureux.
Étais-je la seule à ressentir cette solitude ? Étais-je la seule à voir le manège de Juliette ?
Pourquoi je ne choisissais rien ? Non, mais faites des gosses quoi et savourez le résultat !
Jérôme ? Julien ? Jérôme ? Julien ? Julien ? Julien ?
Pourquoi ne voulait-elle pas voir l'évidence ? Il s'appellait Christian bordel !
Un extraterrestre passe encore, mais pas un prénom ne commençant pas par un "J", pourquoi ?
Et même si je me sentais seule et mal aimée, la fête bâtait son plein.
Au point que les jeunes mariés n'hésitèrent pas une seule seconde à monter pour enfin concrétiser leur amour.
Leur première fois, le jour de leur mariage.
Oui c'est bien beau ! Mais moi je n'ai pas eu ce que je voulais ! Pourquoi ? Pourquoi ? Pourquoi ?
Des haricots ? Du thon ? Des cacahuètes ? Oui un plat succulent à venir.
Et puis je restais là, plantée là, à le contempler, espérant qu'il daigne enfin me regarder.
"Tu as l'air tellement appétissant ! Je veux bien te goûter moi, juste un petit peu, s'il-te-plaît tout va si mal aujourd'hui".
"Tu veux un cocktail maman ?"
Mais mon bonheur avec Julien était toujours de courte durée, à croire qu'il devinait mes pensées les plus profondes.
Au point de toujours s'éclipser dès lors qu'il se retrouvait seul près de moi.
"Bon ben Kate, il est tard, je file, salut".
Oui oui bien sûr comme toujours. Maudite sois-tu Juliette ! Tu me voles tout et même mon Julien maintenant !
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Quelques jours plus tard, rien avait changé et je me sentais toujours aussi seule. Tout le monde avait une occupation alors que moi, il ne me restait plus rien depuis que j'avais réalisé mon aspiration.
Jérôme s'était découvert une âme de pêcheur depuis quelques temps.
Jim se socialisait avec James.
Ou sinon les jumeaux passaient du temps ensemble.
James encourageait Jane lors de ses séances de sport.
Et parfois, j'avais une petite attention, minuscule et malheureusement éphémère.
"Tu es mon préféré Joey, tu le sais hein ?"
"Maman il faut trop que tu me donnes ta recette, c'est un pur délice".
Ah bon ben ok ! Tu me parles juste pour la cuisine en fait...
Donc la vie reprenait son court et personne ne faisait attention à moi.
Jim plus musclé que jamais, continuait sur sa lancée de sculpture d'un corps de rêve.
Joy entretenait son jardin.
Jane passait du temps avec Raphaël. Pff, toujours pas de "J" !
Et moi j'étais seule ! Essayant de passer le temps sans savoir comment y arriver.
Essayant d'oublier tous mes ressentiments en souhaitant aller de l'avant sans y arriver car j'étais seule !
Julien pitié juste un petit morceau de toi et promis je ne t'embêterai plus.
Et puis un peu plus tard, Mérédith me rendit visite apparemment sur les encouragements de Julien.
"Kate, lorsque Julien m'a dit texto "Mérédith je crois que ta soeur est folle, elle commence même à parler à voix haute", je me suis dis que je devais te parler sur le champ. Comment vas-tu ces derniers temps ?"
"Mal, je pense. Rien ne va. Mes enfants ne m'aiment pas. Pourquoi dit-il que je suis folle ?
"Non, il voulait dire folle du style déprimée en fait. Et je connais un bon remède pour combattre ce passage à vide, il te faut des vacances ma chérie ! ".
Pourquoi n'y avais-je pas pensé ? Mais oui, c'était évident, j'étais fatiguée et j'avais besoin de vacances !
Mais pourquoi Julien pense que je suis folle ?
"Mon ourson à la guimauve, et si on allait à Granite Falls ? Je crois que j'ai besoin de vacances".
Mon Jérôme ne me disait jamais non et cela était tout à son honneur.
Ah ah ah ah Juliette, tu ne l'auras jamais !
Et dès le lendemain, nous étions devant notre location de vacances.
Je redécouvrais enfin le plaisir de cuisiner.
Et le plaisir de me sentir utile pour nourrir mon mari. Depuis que Joey souhaitait devenir un grand chef lui aussi, j'avais comme un rival dans ma cuisine.
Ai-je mis assez de sel ?
Nous prenions le temps à deux de méditer, une sensation de bien être indescriptible.
La présence de son corps chaud contre le mien me faisait toujours autant d'effets.
Et puis, je me sentais surtout vraiment utile.
Il me redonnait de la force, lui au moins, il pensait à moi.
Nous nous quittions que quand je partais attraper des insectes.
Mais je revenais vite dans ses bras chaleureux, reprendre un peu de force.
Il était ma joie de vivre, mon prince de toujours.
Je t'aime tant Jérôme.