75 - Le masque

Un autre jour se levait sur Willow Creek. 

Je me posai la question de savoir comment avec une si belle vue, l'on ne pouvait pas être heureux et de bonne humeur ?

Hé bien, Taylor se leva d'humeur guillerette ce jour là, toute heureuse d'apprendre sa deuxième grossesse, extrêmement comblée.

Sauf qu'à l'annonce de la nouvelle, Lucas ne réagit pas de la meilleure des façons. 

"Non, mais c'est pas vrai ! La pilule tu ne connais pas ? Je ne suis pas prêt à en avoir encore un autre".

Avant de se précipiter hors de la maison pour se rendre à son travail.

Et moi, au loin, je pêchai m'évadant moins loin de la maison car je pressentais le déclenchement imminent de mon accouchement.

Taylor décida de ne pas se laisser abattre par la réaction de Lucas et s'entraina à la guitare pour les besoins de sa carrière sous le regard admiratif de Marc.

Qui après une bonne heure à écouter ma soeur, se précipita sur les réparations urgentes de la maison.

Plus tard, au musée d'Oasis Spring, une petite fille colérique rentrait chez elle. Il s'agissait de Marie, la fille de Grant.

Et pourquoi ? A cause du spectacle qui se déroulait loin des regards indiscrets, enfin pas totalement puisqu'elle les avait aperçus.

Bien sûr Marie n'avait pas gardé pour elle ce secret et avait été chercher son père non loin. Choqué de voir son beau-frère accompagné d'une autre que sa soeur, c'est sous une mine triste que Grant rentra chez lui.

Avant de débarquer quelques heures plus tard à la maison pour se confier. Bien sûr, je dû le mettre dans la confidence et lui signifier qu'il ne s'agissait pas d'une première et unique incartade et que Lucas n'en était donc pas à son premier coup d'essai.

"Non mais tu te rends comptes, il la trompe et elle ne voit rien. On devrait lui dire, elle ne peut pas vivre comme cela, pas avec lui".

J'étais d'accord, mais Taylor partagerait-elle notre avis ?

Et puis même si mon grand frère était quelqu'un de bienveillant, il ne résista pas à l'envie soudaine qui lui prit de faire Lucas servir de punching-ball humain, à défaut d'une réaction adéquate de Taylor, au moins Lucas saurait à quoi s'en tenir.

Et moi pendant ce temps, j'étais loin. Perdue dans mes pensées, espérant que je ne perde pas la vie entre les mains d'une interne pas très expérimentée.

Mes pensées furent de courtes durées, lorsque je vis cette magnifique princesse.

Notre petite Kate égayerait à coup sûr nos journées. Il le fallait pour les miennes en tout cas.

Une adorable petite puce que je ne cessai de contempler, même à la sortie de la maternité.

Qui ne restait jamais seule bien longtemps, trop chouchoutée par ses parents.

Ce n'est pas pour autant qu'avec Marc nous ne prenions pas le temps de nous retrouver.

"Chérie, j'ai un terrible secret à t'avouer, je t'ai menti". Mais pourquoi le ciel ne souhaitait qu'une seule chose, celle de nous tomber sur la tête ? Qu'avait-il à m'annoncer ? Une trahison, tout comme Lucas ?

"Je te mens depuis de nombreuses années et tout cela me pèse énormément sur le coeur. En fait je n'aime pas être méchant avec les autres, ce que j'aime c'est faire des dons aux associations caritatives, discourir devant le miroir sur la paix dans le monde, illuminer les journées des autres, je suis un éternel bienveillant. C'est totalement paradoxal car j'ai le rêve de devenir un ennemi public, comme si je devais me prouver à moi-même que quelqu'un de gentil peut aussi être très méchant avec un peu de bonne volonté".

Ouf, c'était donc ça son terrible secret, bien sûr qu'il était milles fois pardonné.

"Je te pardonne mon amour, mais s'il-te-plaît ne me mens plus, même pour de petites choses sans grandes importances".

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Les jours passèrent, jusqu'à arriver à cette fameuse discussion avec Taylor. Nous devions avec Grant lui ouvrir les yeux sur ce qui lui servait de mari.

"Non, ce n'est pas possible, je ne vous crois pas. Lucas est formidable en tant que mari et je l'aime tant". Formidable ? Nous n'avions pas la même vision du même homme.

"Il m'aurait trompé ? Il ne m'aimerait donc pas ? C'est inconcevable, on vient tout juste de se marier".

Puis elle s'en alla travailler, pensant à sa nouvelle grossesse et en se persuadant qu'il ne s'agissait que d'une terrible rumeur sans véritables fondements.

Je ne comprenais pas comment elle n'arrivait pas à ouvrir les yeux ? Comment elle n'arrivait pas à lire la tristesse sur le visage de son mari qui se forçait à jouer un rôle.

Aaron rentra de l'école avec son cousin Richard, heureux d'avoir enfin quelqu'un de son âge pour jouer aux échecs de façon équitable.

Kyle passa lui aussi, il avait beaucoup grandit et ressemblait beaucoup à Grant, la couleur et la longueur de cheveux en moins.

Marc se leva enfin, en total décalage avec le fait qu'il travaillait très tard la nuit depuis sa récente promotion. Il discuta avec Lucas de tout et de rien, sans aborder la seule chose qui nous tracassait actuellement, son infidélité réitérée.

Et lorsqueTaylor rentra de sa journée de travail, elle questionna Lucas sur l'annonce que nous lui avions fait plus tôt dans la journée.

"Taylor je ne te trompe pas, je ne sais pas pourquoi ton frère et ta soeur écoutent les rumeurs. Tu sais bien que je t'aime, on est marié".

Ma soeur ne chercha pas plus loin avec ses explications à deux balles.

Ils s'en allèrent dans le séjour et elle proposa à Lucas de toucher le bébé, ce qu'il refusa immédiatement en s'énervant.

Mais avant qu'elle ne dise quoi que se soit et qu'elle ne se rende compte de sa réelle personnalité, il lui fit une déclaration d'amour sur le champ, espérant ainsi garder intacte son masque et noyer le poisson dans l'eau.

Et là je dois avouer qu'il s'y prenait très bien vu que ma soeur continuait à faire avec joie son devoir conjugal. Mais quand est-ce qu'elle ouvrirait les yeux ?

Tout cela me faisait mal pour elle, mais elle était majeure et vaccinée, apte à être maîtresse de son destin. Et puis j'en voulais surtout à Lucas qui se jouait de ma soeur, la pauvre femme éperdument amoureuse de son mari, ne voulant pas ouvrir les yeux. 

Après avoir nourrit ma fille, Marc me proposa de ne pas attendre pour mettre le deuxième en route.

Nous fîmes les travaux pratiques sur le champ, cela me fit du bien car j'espérai ainsi oublier toutes mes pensées qui allaient en direction de ma soeur.