56 - Petit-à-petit la tristesse disparaît
Un autre jour se levait sur Willow Creek.
Mon petit neveu Travis était si mignon, que moi aussi je commençais à avoir des envies de grossesse.
La seule question qui restait en suspens était celle de savoir si Philippe partagerait aussi mon souhait.
Car il restait avant tout un musicien, préférant sa guitare et délaissant tout engagement en passant.
Ma soeur était une bonne mère, et ce malgré tous les à priori qu'elle avait ressenti auparavant.
Mais la tristesse était aussi son quotidien.
Elle avait véritablement du mal à se remettre de la mort des parents et surtout de celle de père. En effet, père ne cessait de la pousser à trouver l'amour et maintenant qu'elle faisait corps avec la personne de Théo, elle ne pouvait le partager. Elle pensait sans cesse qu'il n'avait pas connu son petit-fils, et à la joie qu'il aurait pu ressentir, tant il aimait sa famille.
Et moi, je n'avais même pas le temps d'être triste, vu toute la fatigue que j'avais accumulé avec mes réceptions.
Théo s'était d'ailleurs chargé du dîner, il en avait certainement marre de mes sandwichs. Je n'allais pas lui en vouloir car moi aussi je ne pouvais plus les voir en peinture.
L'amour entre ma soeur et son fiancé était toujours au rendez-vous.
Je pense même que c'était celui-ci qui l'aidait à tenir et à ressentir un peu de bonheur, oubliant en l'espace d'un instant la mort de nos parents.
Les jours suivants, nous nous rendions compte que des hommes à la maison étaient indispensables.
Ma soeur et moi-même n'avions pas le temps pour les réparations et même si les fonds s'accumulaient joyeusement, il était préférable de réparer lorsque cela était nécessaire.
Ce jour là, nous oubliâmes l'anniversaire de Kristen. Le bon côté étant qu'elle n'était pas triste à cause de ce dernier.
De mon côté, je passais de plus en plus de temps avec Philippe.
Sous la couette.
Ou lorsqu'il grattait sa guitare.
Ou lorsque je finissais mon entraînement.
Et cela se concluait toujours de la même manière, sous la couette. Je n'allais pas m'en plaindre, Philippe était véritablement doué.
Kristen ne quittait pas son fils d'une semelle.
Ou du moins juste pour travailler ou combler ses besoins simiains.
Et bien sûr, à force de passage sous la couette, ce qui devait arriver, arriva. J'étais enceinte et folle de joie. J'avoue que je commençais à envier Kristen. Mais mon envie n'avait plus lieu d'être maintenant, un petit ange grandissait en moi.
Je partageai immédiatement la nouvelle avec Philippe, qui resta sans voix, puis articula quelques phrases exprimant son appréhension face à sa future paternité.
Néanmoins, je voyais bien que ses paroles et ses pensées ne se coordonnaient pas.
Mon petit neveu Travis, grandit et devint un petit glouton adorant la créativité, tout comme bon nombre des Marchall avant lui.
Philippe vint s'excuser et me prendre dans ses bras, énonçant sa joie pour ma grossesse.
Dans l'après-midi je rendis visite à Ethan pour lui annoncer la bonne nouvelle.
Pendant qu'à la maison, Théo s'adonnait à sa passion, la pêche.
Que Travis dessinait.
Je revins avec mon frère. Pendant que je m'accordais un repos bien mérité,
Ethan questionnait Philippe sur ses intentions envers moi.
Théo passa du temps avec Kristen, lui rappelant qu'ils avaient leur mariage à célébrer prochainement.
Mais avant, ils se devaient de profiter l'un de l'autre, et surtout, Théo devait se rattraper auprès de ma soeur, car tout de même lui aussi avait oublié son anniversaire. Mais bon, à mon avis il était déjà tout pardonné, mon futur beau-frère.